Le Petit Québec Libre

« Manifeste du Petit Québec libre » (1971). Source : Fonds Jean Préfontaine, Bibliothèque des collections spéciales de l’Université Concordia.


« Il y a le grand Québec pas libre et le Petit Québec libre. Le Petit Québec, c’est à tous les Québécois. »

Jean Préfontaine


LA COMMUNE PETIT QUÉBEC LIBRE

Où : Le Petit Québec libre est situé à l’intersection des rangs 9 et 11, tout près du village de Sainte-Anne-de-la-Rochelle, en Estrie.

Quand : Le Jazz libre du Québec (JLQ) s’installe dans les Cantons-de-l’Est à l’automne 1970. Au début de l’année suivante, il entreprend de transformer la ferme en commune socialiste. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1972, les forces de l’ordre mettent le feu clandestinement à la grange où ont lieu concerts et rencontres. La Commission Keable (commission d’enquête sur des opérations policières en territoire québécois) démontrera plus tard que les autorités tentaient d’empêcher une possible rencontre entre felquistes et membres des Black Panthers. Elles souhaitaient aussi, voire peut-être surtout, semer la discorde entre les communards. La stratégie réussi ; le groupe retourne à Montréal à l’automne 1972. Quant au Petit Québec libre, il survit tant bien que mal pendant quelques mois, jusqu’à sa dissolution durant l’été 1973.

Mission : La ferme du JLQ a d’abord comme but de « créer des conditions susceptibles de faire prendre conscience aux gens de leur capacité d’intervention et de créativité dans les domaines artistiques ». Une fois que le projet de commune est mis sur pied, le Petit Québec libre se donne comme objectif de promouvoir « la lutte sur le plan idéologique et organisationnel pour créer les conditions nécessaires à l’édification de l’organisation révolutionnaire des Québécois » tout en entraînant « les masses paysannes » dans l’action politique.

Qui : Seuls Jean Préfontaine et Yves Charbonneau participent à la mise sur pied de la commune Petit Québec libre à l’hiver 1971. Le duo se voit donc contraint d’engager des musiciens tout au long de l’année pour tenir ses engagements. L’obtention d’un financement octroyé par le Programme des initiatives locales permet au JLQ de recruter de nouveaux membres au tournant de l’année 1972. Y passeront, entre autres, le violoncelliste Tristan Honsinger, les bassistes Jean Martineau et Jacques Beaudoin ainsi que les batteurs Jean-Guy Poirier et Patrice Beckerich. Ce dernier avait déjà visité la commune à la suite d’une campagne de promotion auprès de son syndicat. En plus de ces « jazzlibristes », le Petit Québec libre reçoit la visite de nombreux artistes, dont la chanteuse montréalaise Erica Pomerance (ESP Disk), le Théâtre des travailleurs, O Cannabis, Dionysos et le groupe Les Sinners. Ce dernier doit participer à la Grande fête des Travailleurs de 1972, mais il annulera sa participation à la dernière minute.

Discussion sur le JLQ et sur la Commune du Petit Québec Libre, à Drumondville, le 11 août 1972