L’Amorce

Captures d’images tirées du vidéogramme Ce soir on improvise (Raymond Gervais et Michel Di Torré, 1974). Source : Vidéographe.

« Ce local de la rue Saint-Paul, si le Jazz libre en conserve l’usage, peut devenir un des rares lieux (au Canada) où la création artistique soit constamment sollicitée par le moyen de l’improvisation et de l’expérimentation, dans un constant échange entre différents arts d’expression : théâtre, danse, musique et arts plastiques. »

Jean-Pierre Ronfard


« C’est une démarche qui s’inscrit dans le projet du Front commun des artistes québécois. C’est un mouvement de gauche voulu comme tel, qui veut que l’artiste, qu’il soit musicien, poète ou peintre, ait le contrôle des organisations dont il fait partie. Je pense que l’Amorce peut servir de lieu de rencontre entre le public et les travailleurs culturels. »

Jean Préfontaine


L’AMORCE

Où : L’Amorce est située au 25 rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal.

Quand : Le Jazz libre du Québec (JLQ) aménage l’Amorce à la mi-septembre 1972 en utilisant une partie de l’argent reçu du Programme des initiatives locales. Il ouvre les portes de cette « boîte expérimentale » de manière officielle au mois d’août 1973. Le soir de la Saint-Jean 1974, une émeute éclate dans le Vieux-Montréal. L’immeuble qui héberge l’Amorce prend feu alors que le quartier est bouclé. Les pompiers ont donc de la difficulté à se rendre sur les lieux. Ils mettent plus de trois heures pour maîtriser l’incendie, mais c’est trop peu trop tard. L’enquête conclura que le brasier est d’origine criminelle. On ne trouvera jamais les coupables, et ce, malgré les révélations concernant l’incendie de la grange du Petit Québec libre.

Mission : L’Amorce se veut un « port d’attache » pour le groupe qui souhaite y élargir son réseau de collaborateurs : musiciens et artistes de toutes disciplines, y compris des troupes de théâtre, des groupes d’expression corporelle, des animateurs culturels, des spécialistes de spectacles son-lumière, etc. L’accent est mis sur « la participation des spectateurs ». L’Amorce est aussi une occasion pour les musiciens du JLQ de se regrouper et de promouvoir leurs idéaux révolutionnaires à travers la recherche, l’expérimentation et la représentation « d’une nouvelle culture québécoise anti-capitaliste et populaire ».

Qui : Jean Préfontaine, Yves Charbonneau, Patrice Beckerich et Yves Bouliane posent les fondations de l’Amorce à l’automne 1972. Jean-Guy Poirier reprend sa place au sein du JLQ au printemps suivant, la cédant ensuite à Mathieu Léger quelques mois plus tard. Maurice Richard rejoint, lui aussi, ses anciens confrères quand Bouliane quitte le groupe à l’été 1973. Située en face du Black Bottom, un club mythique de musique jazz, l’Amorce est d’abord le quartier central du JLQ. On y entend tout de même un large éventail de genres musicaux ; de la chanson au rock progressif, en passant par le jazz et la musique contemporaine. Jean Derome et son groupe Nébu, le guitariste Michel Madore, le chanteur Capitaine Nô, le mystérieux groupe Les Pourrirs ainsi que les poètes Raôul Duguay, Paul Chamberland et Lucien Francoeur sont des habitués de l’endroit.


Une discussion au Vidéographe, le 13 février 1973 :